Amnésie ...

Elle avait l’impression de ne plus exister, tant son sommeil était profond. Son esprit était vide, c’était un coma profond et réparateur où elle pouvait enfin ne penser à rien. Elle n’était plus hantée par ses démons, toute les voix qui hurlaient dans son crâne semblaient elles aussi dormi profondément.
Le vide laissa bientôt place à une image paisible. Une plaine verdoyante et fleurit, au loin on pouvait apercevoir des collines à perte de vu. Un vent tiède vint caresser son visage, ses paupière se refermèrent un instant sur ses yeux noisettes et elle respira profondément. Elle pouvait sentir précisément l’odeur fraiche de la nature. Elle était loin de la technologie de Balamb, loin de la pollution de Midgard, loin de la chaleur aride du désert, loin de l’humidité étouffante de la forêt …
Elle été à mille lieux de la planète et de toute sa perversion. Elle était bien.

Une présente l’approcha et se posta à côté d’elle. Elle ne voyait pas la personne, car pour une raison qui lui échappait, elle ne pouvait détourner son regard du paysage.

-Qu’est-ce que tu fais là ?
-Tu me manquais beaucoup trop …
-Tu comptes partir sans réparer tes erreurs ?
-Je ne veux plus vivre sans toi.
-Depuis quand es-tu du genre à renoncer à la vie ?
-Depuis que tout ce que j’aimais a rejoint l’au-delà.
-Ouvres les yeux.

Elle se tourna vers Lui, mais une bourraque ne balaya que quelques pétales roses mêlées de plumes blanches. Elles s’envolèrent haut dans le ciel et Linoa les suivit du regard. L’immensité azure d’assombri pour devenir couleur ancre, à peine illuminé de quelques étoiles. Lorsqu’elle baissa les yeux à nouveaux, l’atmosphère était devenu glacé, la pleine verdoyante avait dépérit pour ne laisser qu’une terre aride et grisâtre.
Ses lèvres dessinèrent le nom de Squall mais aucun son ne sorti. Elle le chercha partout du regard puis se retourna pour tomber face à une nouvelle silhouette. C’était une jeune femme brune, elle portait un long gilet sans manche en laine bleue. C’était elle. Une brise glacée balaya les longs cheveux corbeaux de son double et elle remarqua trois mèches blanches. Elle passa alors une main dans sa propre chevelure pour y trouver ses mèches chocolat.

-Qui es-tu ?
La silhouette se tourna vers elle, un sourire étrange aux lèvres. Ses yeux était blancs et son corps était décoré de symbole lumineux.
-Tu ne pourras pas l’aider. Tu dois continuer ta quête, purifies ce monde.

Elle se prit la tête dans les mains et poussa un gémissement de douleur. Elle avait l’impression qu’un géant divin avait empoigné son cerveau à pleine main et le serrait de toute ses forces. Une foule de souvenir lui revint en flash.

-Non … Non !!!! Je ne peux pas …
-Tu le peux … tu l’as fait.
-Non … ce n’était pas moi …
Lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle découvrit le visage de son double à quelque centimètre du sien. La voir ainsi avec les yeux vides et une tel expression de cruauté la paralysa.
-Que m’est-il arrivé ?
-Tu es naïves, m’a pauvre … Tu ne m’échapperas pas …
-Qui es-tu ?
-Sans moi tu es faible, sans moi tu n’es rien.
-Tu es …

Son double explosa en un sillon de plumes noir qui l’attaquèrent. Elle se débâtit de toutes ses forces contre cette vague qui semblait presque vivante. Elle senti alors un corps se hisser contre elle et deux bras protecteurs l’entourèrent. Les plumes, comme craignant cette présence, s’éloignèrent. Linoa releva les yeux vers son sauveur et le serra le plus fort possible en le reconnaissant.

-Squall ! Je t’en prie ne m’abandonne pas … Pourquoi n’es-tu jamais revenu … ?
-Linoa … Pardonne moi. J’aurais aimé pour t’embrasser une dernière fois. J’aurais aimé te dire au revoir mais … Je n’ai pas eu le temps.
Il attrapa le menton de la brun pour qu’elle le regarde dans les yeux.
-Linoa, écoutes moi. A présent, tu dois vivre pour nous-deux. Oublis ta haine, oublis ces illusions. N’en veux pas à Reanbell, elle a fait ce que j’aurais voulu qu’elle fasse, sans que je lui ai rien demandé. Remercie là. Mais … n’oublie pas ce que tu as fait. Tu dois l’aider …
-…Qui ?
Il disparut et elle tomba à genou.
-Squall ! Non, Squall reviens je t’en prie !! Squall j’ai besoin de toi s’il-te-plais ne m’abandonne pas.

Elle senti une dernière fois son souffle à son oreille.
-Je serais toujours dans ton cœur… Ne l’oublie pas.

Puis le noir complet. Un long silence, à nouveau elle oublia tout.

Tap, tap, tap tap …

Des bruits de pas raisonnaient dans la pièce. Une femme en talon sans doute. Une vive douleur se réveilla dans son bras puis dans tout son torse. Tout le haut de son corps était engourdi par une douleur lourde. Elle senti une main fraiche dans son cou puis elle resta un instant en semi-sommeil avant d’ouvrir doucement les yeux.

Un plafond blanc.

Elle cligna des yeux, se demandant ce qu’elle faisait là. Elle resta immobile un instant avant de remarqua que quelqu’un bougeait dans la pièce. Elle reconnut une jeune femme, elle lui tournait le dos mais à en juger à cette haute queue de cheval retenant des cheveux châtains s’étendant jusque dans le bas du dos, elle reconnut facilement Lucrecia, l’infirmière de Midgard …

*Midgard ?*

Que faisait-elle à Midgard ? Elle fouilla dans sa mémoire avec acharnement mais elle ne parvint pas à trouver la réponse. Elle en eut mal à la tête.
Elle tourna la tête à gauche … il y avait la gunblade de Squall posé dans un coin de la pièce, et son Zanpakutho un peu plus loin, gisant en piteuse état en haut qu’une étagère.
Elle tourna ensuite la tête à droite.

*Qui … Cloud ?*

Le blond était endormit dans un lit à côté d’elle. Elle tenta de se redresser mais la douleur de son abdomen l’en empêcha. Elle jeta un œil enfin à con propre corps et remarqua qu’elle était presque aussi bandé qu’une momie. Son bras gauche était immobilisé et son épaule droit était elle aussi recouverte de pansement en tout genre.

-Tu es réveillée ? Comment te sens-tu ?

Le visage de l’infirmière apparut au-dessus d’elle et l’aveugla avec une lumière pour tester les réflexes de ses pupilles. Linoa se crispa et détourna la tête.

-Qu’est-ce qui s’est passé ? Qu’est-ce que je fais là ?
-J’espérais que tu puisses justement répondre à cette question. Je vous ai retrouvé, toi et Cloud, près du bar. Tu ne te souviens de rien … Ce ne serait pas un homme aux longs cheveux gris qui vous aurez attaqué par hasard ?

Linoa porta sa main droite contre son crâne alors que des souvenirs revenaient en flash dans sa mémoire. Le visage d’un homme correspondant à la description de l’infirmière lui revint, ainsi que de nombreuses images de massacre.

-Que …
Elle plongea son visage dans sa main et laissa quelques larmes coulaient.
-C’est pas vrai … je … Ce n’était pas … moi ?
-ça ne va pas ?

L’infirmière se tourna alors vers Cloud qui semblait émerger de son sommeil lui aussi …

Lorsqu’il reprit connaissance, il se demanda tout d’abord où est-ce qu’il se trouvait ? S’en suivit une série de question qui assaillirent son crâne et qui, pour la plupart, demeurèrent sans réponses. Déjà, comment c’était-il retrouvé ici ? Ensuite, dans quel état se trouvait-il ? Certes, la raideur de ses muscles et la douleur lancinante de son corps devaient bien sûr l’aiguiller un peu, mais son esprit était légèrement flou. Mais plus il émergeait, plus il reprit conscience des évènements passés et de l’endroit où il se trouvait. Murs blancs, sol blanc, lit blanc, draps blancs. Bon, il n’y avait pas 36 choix possibles : le royaume du coton tout doux ou l’hôpital. Oui il aurait préféré le royaume du coton tout doux mais il devait se rendre à l’évidence : il était dans le monde effrayant des infirmières qui vous font mille piqures avant de trouver la veine et qui s’excusent avec un grand sourire niais. « Oh bah dites-donc, elles se cachent les vôtres ! » Ouais, et ton diplôme, tu l’as eu dans une boite de Croc-chocobo ? Il se cache aussi lui peut-être ? Hein, des calmants ? Bon bah…

Bref ! Le chocobo nouvellement éveillé examina son nouvel environnement du coin de l’œil, comme un poussin qu’on placerait dans une nouvelle boîte. Sauf que lui, il ne donnait pas des coups de becs à droite et à gauche pour tester la solidité des murs de la pièce. Quoi que, avec Fenrir, il pourrait… Mais le regard doux et le sourire maternel de l’infirmière l’en dissuadèrent. Forcément, si on le confiait aux bons soins de la seule femme qu’il laissait approcher… Oui, même Tifa il ne la laisserait pas lui faire une piqure !

… Surtout Tifa en fait.

« Qu’est-ce que je fais là.. ? »

Oh, c’était juste histoire de poser la question pour la forme puisqu’il s’était légèrement retrouvé cloué à un mur par une folle enragée qui se cosplayait en ange. Mis à part ça, tout allait bien ! Le bar s’était changé en chambre mortuaire, Tifa s’était (encore) fait enlevée –faudrait pas que ça devienne une habitude, quand même- par son soi-disant demi-frère complètement allumé, Akai avait disparu et en plus l’autre folle avait fait fuir le chien !

En fin de compte, un temple, tout seul, c’était cool comme lieu de vacances. Pas cher, silencieux, sombre, pas trop de monstres… Bon fallait aimer la viande crue et pas forcément comestible… Mais lui, il avait survécu, tout le monde pouvait le faire.

Il s’assit et remarqua enfin l’autre occupante de la pièce. La masse brune lui provoqua une bouffée d’espoir sans nom, mais dès qu’il reconnut l’autre cosplayeuse du dimanche qui le fixait avec des yeux de merlan fris, il manqua de faire un massacre. A la place, il utilisa la technique ultime du chocobo qui consistait à se jeter hors des draps avec une grâce digne d’un ours polaire, à manquer de se ramasser par terre pour finir par congeler la moitié de la pièce pour emprisonner la jeune femme derrière une épaisse paroi de glace, dont plusieurs piques ne demandaient qu’à se figer dans sa tête. Et tout cela avec pour seul vêtement son caleçon s’il vous plait !

Il se tourna vers l’infirmière, profondément étonné qu’elle n’ait pas enfermée cette malade. Ses pensées filèrent d’ailleurs à travers ses lèvres.

« Non mais vous êtes malade ?!? Laisser cette fille en liberté… Mais nous foutre dans la même chambre en plus ! Vous voulez qu’elle m’achève ?!? »

Quoi, tout le monde pouvait péter son câble de temps en temps, là c’était au tour de Cloud. Et il allait être violent le câble, parce qu’il ne comprenait pas qu’on puisse mettre une vie en danger comme ça. Surtout quand son boulot était de les sauver, ces vies.

Devant l’air « tu bouges je te colle une dose de calmants telle qu’un cheval en dormirait pendant une semaine » de Lucrécia, il recula prudemment d’un pas. Ah non, pas de calmants, ça allait le shooter et il serait incapable de dire quoi que ce soit. Et la folle le tuerait dans son sommeil. Oh non, non et non.

« Comment vous nous avez trouvé ? C’est elle qui a provoqué ce massacre au bar. »

Pour une fois qu’il parlait beaucoup, fallait pas s’en plaindre.

C’était une journée plutôt tranquille. Enfin, après le tournoi qui avait eu lieu, cette journée semblait vraiment calme, peut-être même trop … Elle essayait de s’occuper tant bien que mal dans son bureau, en touillant café sur café jusqu’à ce qu’ils deviennent froid.
Soudain, ô bonheur, enfin pas pour les élèves, un cours avait mal tournée et un sort trop puissant avait fait 5 blessés. Youpi du boulot ! Elle se faisait presque peur à se réjouir d’avoir des blessés comme ça … En même temps, depuis que ses deux petits habitués des gâteaux ne venaient plus chiner par ici, elle se sentait bien seule. En parlant d’eux, il faudrait qu’elle reprenne des nouvelles du petit Haru à l’occasion …Et qu’elle lui fasse une petite osculation pour voir où sa maladie en était.

Elle répartit ses cinq nouveaux blessé dans des chambres avant de confier leur surveillance a une stagiaire puis se rendit à la réserve, qui était à l’extérieur, pour refaire le plein de quelque pansements et autre désinfectants ou calmants. Elle ressortait avec un carton dans les bras quand quelque chose heurta sa jambe. La petit chose mordilla le bout de sa chaussure et aboya. En basculant le carton sur le côté, elle reconnut là un petit chiot tout à fait adorable. Elle posa les cartons et en voulant le caresser, elle eut la certitude qu’il s’agissait du nouvel animal de compagnie de Tifa et Cloud. Elle se redressa en voyant que la bête de se laissait pas approchait et commença à chercher un de ses propriétaire du regard. C’est à ce moment que le jeune husky attrapa sa blouse à pleine dent et commença à tirer aussi fort qu’il le pouvait.
En faisant un pas en avant, il lâcha prise et se mit à courir comme une flèche. Lucrecia allait reprendre son carton et rentrer mais le chien revint à la charge. Elle dû se rendre à l’évidence : Il se passait quelque chose et il voulait qu’elle le suive. Ce qu’elle fit donc.

Tout se passa ensuite très vite. Vision d’horreur, sirène de police et d’ambulance, premiers soins … à nouveau le calme plat.
Elle avait laissé le chien dans une pièce à part avec quelques élèves généreuses qui semblait prendre grand plaisir a surveiller le petit animal poilu et teigneux. Elle ne vit pas le reste de la journée passé pour le coup …
Elle passa la nuit à l’infirmerie au chevet de ses deux derniers patients : Cloud et Linoa. Elle ne comprenait pas vraiment ce qui avait pu se passer, le bar était saccagé, des morts partout … En fait, elle se doutait bien de qui pouvait se cacher derrière tout ça : Sephiroth, d’autant plus que les conclusions des experts (venu tout droit de Manhattan) assurées que les victimes présentaient toutes des blessures mortels d’un Katana. La question sans réponse qui restait était : pourquoi Linoa ? Que venait-elle faire dans cette histoire ? Etait-elle passait la juste au moment de l’attaque ? Et où était Tifa ? Sans doute Sephiroth l’avait-il emporté …

En fin de matinée, elle procédait à une énième vérification des pouls et autres formalité auprès de ses comateux quand la brune se réveilla, visiblement perdu.
L’infirmière se dirigea ensuite vers le blondinet qui émergeait doucement … Doucement jusqu’à ce qu’il dégringole de son lit en exécutant une sorte de danse étrange et se glace la pauvre petite brune perdu. Lucrecia resta interdit l’espace de quelques secondes avant de braquer son regard sur Cloud.

-Mais qu’est-ce que tu fabriques ?
« Non mais vous êtes malade ?!? Laisser cette fille en liberté… Mais nous foutre dans la même chambre en plus ! Vous voulez qu’elle m’achève ?!? »
-Hum, je suis désolée Cloud, c’était la dernière chambre j’ai dû en faire une mixte mais … J’en ai une qui va bientôt se libérer si ça te gêne …

L’infirmerie, soit elle était vide, soit elle était pleine à craqué. Elle était régulièrement forcé de mettre des patients dans le couloirs à cause de ce manque de place et de coordination … Ils pouvaient pas se blesser seulement cinq par cinq non ? Ben non, fallait forcément qu’ils arrivent à 30 d’un coup ! Pas possible ces jeunes !

« Comment vous nous avez trouvé ? C’est elle qui a provoqué ce massacre au bar. »

Cette phrase provoqua une drôle de surprise à l’infirmière, tout comme à la principal concernait d’ailleurs. La brune écarquilla de grand yeux confus avant de baissa les yeux d’un air abattu pour se masser le côté droits du crâne. Lucrecia posa son coude sur son bras qui traversé la largeur de ses hanches et frôla ses lèvres avec son index. Elle se tourna vers Linoa, ouvrit la bouche mais se ravisa et se tourna vers Cloud. Non en fait vers Linoa … Ho et puis vu la tête qu’elle tirait … De toute façon elle n’était pas en position de parler là.

-Cloud, commence par te calmer. J’ai du mal à croire que Linoa ai pu faire un tel massacre, tu es sûr de ce que tu dis ?

Le garçon semblait particulièrement nerveux et sa technique menaçait d’achever la brune à tout moment.

-Cloud calmes-toi ou JE te calme !!
-Cloud je …

Linoa n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’une fine lame de glace venait caresser sa gorge.

-Cloud je …

Un des piques de glaces que l’encerclait dangereusement se plaqua contre sa gorge, menaçant de percer la peau fine de son cou. Elle se crispa et dégluti le plus discrètement possible, sentant tout de même une légère piqure en découdre. Ses yeux se remplir de larme, et pourtant elle savait que c’était trop tard pour pleurer. Elle se souvenait de tous ces gens qu’elle massacrait, de ce dernier regard qu’ils lui jetaient, de leurs plaintes et de leurs prières désespérés dont elle n’avait cure. Comment avait-elle pu faire ça ? Elle … qui osait à peine faire de mal à une mouche. Elle qui prônait la non-violence, qui se persuader que tout être avait le droit de vivre … Comment avait-elle pu … Et pourtant, c’était bien elle …

-je suis désolée … Parvint-elle à articuler difficilement.

Quelques larmes dévalèrent ses joues et elle serra les dents

-Cloud relâches là ! Quelque chose ne va pas ! Laisse la parler plus tranquillement !

Le blond était hors de lui et les paroles de la brunes n’arrangeaient en rien son état. Linoa se souvenait à peine de ce qu’il s’était réellement passait. Elle n’avait que des flashs brefs et sanglants. Elle revoyait toutes ses victimes, elle se revoyait plantant Cloud de pique de fer … Elle revoyait le visage perdu et peiné de Tifa, ce regard qui suppliait, qui demandait « pourquoi ? ».

*Tifa je suis désolée … Je ne comprends pas*